Plan de sécurité : l’alimentation perturbée

Published on
Mis à jour le
Utilise un haut-parleur de lecture Imprime un document

Les troubles alimentaires et l’alimentation perturbée touchent un grand nombre de jeunes d’un bout à l’autre du pays. Des pensées intenses sur la nourriture, sur l’alimentation et sur le poids ou la forme de son corps peuvent être des signes qu’une personne pourrait être aux prises avec une alimentation perturbée. Si tu as ce genre de pensées, il se peut que tu ressentes de la confusion ou de la peur, ou encore que tu te sentes dépassé·e. Il se peut aussi que tu aies envie de changer ton alimentation ou ton apparence pour faire face à la situation. Dans cet article, tu trouveras de l’information pour reconnaître les signes d’une alimentation perturbée et pour préparer un plan de sécurité pour faire passer ton bien-être en premier et obtenir du soutien.

Quelle est la différence entre une alimentation perturbée et un trouble alimentaire?

Dans cet article, nous parlons d’« alimentation perturbée ». Tu as sans doute déjà entendu parler de « troubles alimentaires » (ou troubles de l’alimentation), mais bien que ces termes se ressemblent, il ne s’agit pas de la même chose.

Les troubles alimentaires font référence à un ensemble de troubles de santé mentale qui peuvent être diagnostiqués. Ce diagnostic peut seulement être effectué par un·e professionnel·le de la santé. Tu peux en apprendre davantage sur les différents types de troubles alimentaires auprès d’ANEB Québec et du NEDIC (National Eating Disorder Information Centre) (en anglais seulement).

Le terme alimentation perturbée fait référence à des pensées spécifiques, des comportements particuliers et certaines attitudes à l’égard de la nourriture, de l’alimentation ou de l’image corporelle qui peuvent interférer avec la vie quotidienne d’une personne. Voici quelques exemples :

  • penser qu’il faut avoir un certain physique pour obtenir de la considération/être bien vu·e
  • modifier sa façon de manger pour essayer d’obtenir une certaine silhouette
  • étiqueter les aliments comme étant « bons » ou « mauvais »
  • ressentir de l’anxiété au moment des repas
  • manger seul·e ou en cachette
  • etc.

Une personne qui vit avec un trouble alimentaire peut avoir des pensées, des comportements et des attitudes liés à une alimentation perturbée, mais ce ne sont pas toutes les personnes qui ont une alimentation perturbée qui ont un trouble alimentaire. Que tu aies reçu ou non un diagnostic pour ce que tu vis, tu peux apprendre des façons de gérer tes pensées, tes sentiments et tes comportements – et apprendre comment planifier ta sécurité – afin de mieux savoir quoi faire pour prendre soin de toi et obtenir du soutien quand tu en as besoin.

Pour en savoir plus sur l’alimentation perturbée, tu peux consulter le site d’

ANEB Québec. ANEB Québec.

Pourquoi devrais-je me munir d’un plan de sécurité en lien avec l’alimentation perturbée?

Si une personne persiste à présenter des symptômes d’alimentation perturbée au fil du temps, elle peut commencer à avoir des pensées, des sentiments et des comportements plus intenses et plus à risque. Dans certains cas, une alimentation perturbée peut être un signe d’un éventuel trouble alimentaire. Les troubles alimentaires peuvent entraîner divers problèmes de santé physique (comme un ralentissement du rythme cardiaque, des évanouissements, des effets sur la croissance, etc.). Le fait de reconnaître quand et comment l’alimentation perturbée affecte ta vie au quotidien et connaître les stratégies d’adaptation et les soutiens qui te conviennent le mieux peut t’aider à faire face à l’alimentation perturbée et à réduire les risques potentiels pour ton bien-être. Avoir un plan de sécurité peut te permettre d’identifier des stratégies d’adaptation et d’obtenir du soutien au besoin.

Comment puis-je créer un plan de sécurité en lien avec l’alimentation perturbée?

La préparation d’un plan de sécurité à l’avance (par ex., lorsque tu te sens calme et en contrôle de tes pensées, etc.) peut t’aider à mieux te comprendre toi-même et à savoir quels outils sont à ta disposition pour t’aider lorsque tu es confronté·e à une alimentation perturbée. Tu pourrais aussi trouver utile de demander à des personnes de confiance de t’aider à préparer ton plan de sécurité (p. ex., un·e membre de la famille ou de la communauté, un•e professionnel•le de la santé ou de ton école, un·e intervenant·e professionnel·le, un·e répondant·e aux crises bénévole formé·e, un·e animateur·trice de groupe de jeunes, un·e Aîné·e, etc.) Ces personnes peuvent être en mesure de t’offrir un autre angle, de te donner des suggestions et/ou de conserver une copie de ton plan de sécurité pour le moment où tu en auras besoin (si tu es à l’aise avec cela).

Tu peux toujours modifier ton plan au fil du temps, à mesure que tu trouves des stratégies d’adaptation qui fonctionnent mieux pour toi ou que ta situation évolue. Ton plan de sécurité est unique et il se peut que des suggestions ou des exemples proposés dans cet article ne s’appliquent pas à toi. Pour que ton plan soit utile si l’alimentation perturbée devient un enjeu pour toi, nous t’encourageons à l’adapter autant que possible à toi et à ta vie.

L’image ci-dessous est un exemple de la forme que peut avoir un plan de sécurité. Tu peux aussi structurer ton plan de toute autre manière qui te convient. Choisis l’endroit où tu souhaites conserver ton plan de sécurité afin de pouvoir le retrouver rapidement lorsque tu en auras besoin. Par exemple, tu pourrais le conserver sur un téléphone, une tablette ou un ordinateur (si tu en as un), dans un carnet ou un journal, ou dans un endroit où il se peut que tu aies des pensées ou des comportements liés à l’alimentation perturbée (par ex., dans la cuisine, dans la salle de bains, à côté d’une balance, etc.)

Tu peux cliquer sur le lien vers un outil en format PDF pour remplir ton propre plan de sécurité. Tu peux commencer par le remplir sur ton appareil, puis l’enregistrer, l’imprimer ou le prendre en photo. Tu peux aussi commencer par le télécharger, puis en imprimer une copie pour le remplir à la main. Tu peux aussi revenir à cet outil à tout moment si tu ne peux pas sauvegarder ou imprimer une copie maintenant.

Identifie ce qui peut être en cause dans ton alimentation perturbée

Si tu as déjà eu une alimentation perturbée par le passé, il se peut que tu aies remarqué certaines habitudes ou situations qui pouvaient t’amener à avoir des pensées, des sentiments ou des comportements liés à cette situation (par ex., le fait de recevoir des commentaires sur ton corps ou sur tes habitudes alimentaires, l’exposition à des contenus qui font honte à certains types de corps, etc.). Comprendre les facteurs de stress ou situations qui peuvent t’amener à avoir des pensées ou un sentiment d’insécurité par rapport à ton corps ou d’autres émotions difficiles peut t’aider à reconnaître quand tu as besoin d’utiliser tes stratégies d’adaptation ou d’obtenir du soutien.

  • Ce qui peut m’amener à avoir une alimentation perturbée :

Réfléchis à la façon dont l’alimentation perturbée t’affecte au quotidien

Il peut être utile de réfléchir à la façon dont l’alimentation perturbée affecte ta vie au quotidien. Essaie de penser à toutes les choses qui te rendent heureux·euse ou qui ont un intérêt ou de l’importance pour toi. Détermine comment ces choses peuvent devenir plus compliquées ou difficiles en raison des pensées, des sentiments et des comportements liés à l’alimentation perturbée. Par exemple, il pourrait être plus difficile de participer à des activités physiques (comme ton sport ou ton jeu préféré, danser, faire de l’exercice, faire du vélo, etc.) si ton corps n’est pas bien alimenté. Tu pourrais aussi trouver plus difficile d’apprécier un repas improvisé avec une personne que tu aimes. Ce ne sont que quelques exemples de manières dont une alimentation perturbée peut t’affecter au quotidien. Tes expériences sont uniques et il se peut que tu penses à d’autres manières dont tes pensées, tes sentiments et tes comportements affectent certains aspects de ta vie. Reconnaître là où des comportements ne reflètent pas tes valeurs peut t’aider à envisager de nouvelles stratégies ou mesures d’adaptation qui correspondent mieux à ce qui compte pour toi. 

  • Ce qui est plus difficile dans ma vie en raison de mon alimentation perturbée :

Identifie les signes qui t’indiquent que tu peux avoir besoin de soutien

Il se peut que tu trouves également utile de reconnaître les signes avant-coureurs d’une alimentation perturbée. Ces signes peuvent comprendre : des changements dans tes pensées (par ex., penser « je ne suis pas assez bien », etc.), dans tes sentiments (par ex., ressentir de l’inquiétude, de l’insécurité, se sentir dépassé·e, etc.), dans tes comportements (par ex., éviter les rencontres sociales impliquant de la nourriture, etc.) ou dans tes sensations physiques (par ex., ressentir de la faim, etc.). Il se peut que tu trouves également utile de réfléchir aux changements que les personnes qui t’entourent peuvent remarquer et à la manière dont elles peuvent savoir quand et comment t’apporter du soutien. Les changements dans tes pensées, tes sentiments, tes comportements et tes sensations physiques ne sont pas tous des signaux indiquant que tu adoptes ou pourrais adopter des comportements nuisibles pour toi. Toutefois, en connaissant tes signes avant-coureurs, tu pourrais savoir à quel moment il est utile d’utiliser tes stratégies d’adaptation ou d’entrer en contact avec les personnes qui t’appuient.

  • Des signes que j’ai peut-être besoin de soutien (p. ex., certaines pensées, des émotions spécifiques, un comportement en particulier, etc.) :

Utilise tes stratégies d’adaptation pour gérer les sentiments et pensées difficiles dans le moment

Si l’alimentation perturbée devient un enjeu pour toi, il y a des choses que tu peux faire pour prendre soin de toi, de ton corps et de tes habitudes alimentaires. Es-tu en mesure de te rappeler ce qui a fonctionné dans le passé? Il peut être utile de penser à des stratégies que tu as apprises ou essayées auparavant. Tu peux essayer ces stratégies, seul·e ou avec des personnes de confiance, pour gérer les pensées ou sentiments difficiles dans le moment. Tu pourrais trouver utile d’avoir une liste de stratégies parmi lesquelles choisir lorsque tu commences à remarquer tes signes avant-coureurs ou que tu te retrouves à avoir une alimentation perturbée. Si une stratégie ne semble pas fonctionner, tu peux toujours tenter une approche différente. Avoir une liste de stratégies peut t’aider à en essayer plusieurs jusqu’à ce que tu trouves celle qui te convient le mieux. Voici quelques idées qui pourraient t’aider à faire face à une alimentation perturbée :

  • nomme tes émotions (p. ex. « Je ressens de la tristesse, de la frustration, de l’anxiété… », etc.) pour te rappeler que tu es plus que ce que tu ressens en ce moment et que les émotions que tu ressens finiront par passer
  • pratique l’acceptation de soi en essayant de détourner ta pensée des choses que tu ne peux pas changer et en réfléchissant aux forces et aux capacités de ton corps plutôt qu’à son apparence
  • pratique la pleine conscience en prêtant attention à tes pensées, à tes émotions et à la manière dont ton corps se sent, sans porter de jugement
  • distrais-toi en faisant quelque chose que tu aimes ou en essayant quelque chose de nouveau (comme dessiner, se rapprocher de la nature, danser, regarder une émission de télé ou un film, lire, participer à un événement communautaire, jouer à un jeu, etc.)
  • passe du temps avec une personne qui t’est chère (en personne, par téléphone ou virtuellement)
  • change la manière dont tu te parles à toi-même en écrivant, en tapant ou en enregistrant de manière vocale des affirmations positives (des phrases ou des énoncés motivants ou encourageants) sur toi-même (par ex., « Je suis assez bien comme je suis », etc.). Affiche-les dans des endroits où tu pourras facilement les consulter (par ex., en les collant à un miroir, en les sauvegardant comme fond d’écran sur un appareil, etc.)
  • fais une pause de défilement si tu ne te sens pas bien sur les médias sociaux (ou essaie de suivre un nouveau compte qui t’inspire!)
  • recentre-toi en te concentrant sur un exercice de respiration, la relâche de tensions dans ton corps ou en faisant des mouvements corps-esprit comme le yoga
  • garde un journal de tes pensées

Tu peux trouver d’autres stratégies pour faire face à une alimentation perturbée sur les sites d’ANEB Québec et du NEDIC (en anglais seulement).

  • Mes façons de gérer les pensées et les sentiments difficiles sur le moment :

Pense à créer des espaces plus sûrs pour toi

En plus d’utiliser tes stratégies d’adaptation pour gérer les pensées et les sentiments difficiles, tu peux réfléchir à des moyens de créer des espaces plus sûrs, où que tu sois.

Tu pourrais trouver utile de préparer un plan avec une personne de confiance pour rendre ton espace de vie plus sûr si l’alimentation perturbée devient un enjeu pour toi. Par exemple, tu pourrais demander à quelqu’un de limiter ton accès à des choses qui pourraient être nuisibles ou promouvoir une alimentation perturbée (par ex., des substances utilisées pour se purger, une balance, etc.).

Tu pourrais aussi essayer de remarquer comment les personnes avec lesquelles tu passes ton temps peuvent influencer ton état d’esprit. Observe comment tu te sens après avoir eu des interactions avec des personnes de ton entourage. Tu pourrais réfléchir à des façons de passer plus de temps avec celles avec lesquelles tu te sens bien, celles qui mangent ou apprécient une grande variété d’aliments, ou qui mangent lorsqu’elles ont faim, celles qui acceptent leur corps tel qu’il est, etc.

Si tu ne te sens pas en sécurité dans ton espace de vie, considère des endroits où tu pourrais passer plus régulièrement du temps en dehors de ton espace actuel (par ex., un centre communautaire, la maison d’un·e ami·e, un lieu de culte, une bibliothèque, une maison de jeunes, etc.). Tu peux essayer de trouver des ressources communautaires près de chez toi pour t’aider à trouver des espaces qui pourraient être plus sûrs.

Si tu passes du temps sur Internet, tu peux aussi réfléchir à la manière dont tu peux créer un espace virtuel plus sûr pour toi. Les médias que tu utilises peuvent influencer tes pensées et tes sentiments à propos de ton corps, de la nourriture que tu manges et des choix que tu fais. Tu pourrais réfléchir à la manière dont tu pourrais retirer ou masquer les contenus inutiles ou nuisibles, afin de créer un espace en ligne plus sûr pour toi. Par exemple :

  • bloquer ou mettre en sourdine les comptes qui mettent en valeur la perte de poids, des régimes ou l’alimentation perturbée
  • ne plus suivre les comptes qui alimentent un sentiment de culpabilité ou de honte à l’égard de ton corps ou de ton alimentation
  • supprimer les comptes de personnes qui donnent des conseils ou des informations alors qu’elles ne sont pas qualifiées pour ce faire

En revanche, tu peux suivre des comptes qui mettent en valeur la diversité des expériences humaines, qui partagent des messages positifs ou neutres sur l’image corporelle ou qui partagent des messages qui t’enthousiasment, t’inspirent, te font sourire ou te font réfléchir. Si tu te surprends à ouvrir automatiquement des applications de médias sociaux, même lorsque tu te sens inconfortable en les utilisant, tu pourrais envisager de placer les applications dans un sous-dossier sur une page distincte de ton appareil. Tu pourrais aussi limiter le temps d’écran pour ces applications, ou encore désactiver temporairement ton ou tes compte(s) pour observer ce que cela te fait ressentir.  

  • Ce que je peux faire pour créer des espaces plus sûrs pour moi :

Dresse une liste de personnes de confiance et de ressources d’aide

Il est normal de se sentir incertain·e ou nerveux·euse, ou de ressentir toute autre émotion à l’idée de partager ce que l’on vit avec des personnes de son entourage. Tu n’as pas non plus à faire face à ces sentiments ou à ces expériences seul·e. Si tu trouves difficile de gérer tes pensées, tes sentiments et/ou tes comportements, il peut être utile de savoir à qui tu peux t’adresser pour obtenir du soutien si tu en ressens le besoin. Tu peux le faire en élaborant une carte de ta communauté de soutien et en créant une liste de personnes ou de services avec lesquels tu peux entrer en contact lorsque tu trouves difficile de t’en sortir seul·e. Pense à des personnes à qui tu te sens à l’aise de te confier, en qui tu as confiance et avec qui tu te sens respecté·e. Par exemple, une personne de confiance peut être un·e membre de ta famille ou de la communauté, un·e enseignant·e, une personne de ton lieu de culte, un·e adulte plus âgé·e, un·e ami·e, un·e responsable d’un groupe de jeunes, etc.

Dans ton plan de sécurité, tu peux aussi préciser le rôle que chaque personne de ta liste peut jouer (par ex., « cette personne est très à l’écoute », « cette personne m’aide à me distraire », « cette personne peut m’emmener à mes rendez-vous », etc.). Tu peux aussi prévoir des personnes de remplacement au cas où tes contacts ne seraient pas disponibles. Tu pourrais aussi vouloir réfléchir à la manière dont tu peux entrer en contact avec chaque personne (par ex., en l’appelant ou en la textant, en clavardant en ligne, en te rendant chez elle à pied, en lui écrivant une lettre, etc.). Si tu ressens de la nervosité à l’idée de demander de l’aide, tu peux te préparer à l’avance en explorant des astuces pour avoir une conversation difficile.

Tu n’es pas certain·e de savoir à qui t’adresser? Tu peux utiliser la base de données Ressources Autour de Moi de Jeunesse, J’écoute pour trouver des services de soutien à proximité. Il se peut aussi que tu trouves que contacter un professionnel de manière anonyme soit une solution qui te convient mieux. Tu peux contacter les intervenant·e·s professionnel·le·s de Jeunesse, J’écoute, la ligne d’écoute et de références d’ANEB Québec (pour les résidents du Québec seulement) et les travailleur·euse·s de soutien et les bénévoles formé·e·s du NEDIC (en anglais seulement).

  • Les personnes ou services que je peux contacter pour obtenir du soutien :

J’apprécie votre aide. Vous avez été très utiles et je me sens beaucoup mieux dans ma peau. Je suis heureux que vous vous portiez volontaires pour aider des gens comme moi, parce que vous faites vraiment bien votre travail.

— message d’une personne ayant contacté Jeunesse, J’écoute

Où puis-je trouver plus de renseignements, d’outils et de stratégies d’adaptation de la part de Jeunesse, J’écoute?

Jeunesse, J’écoute tient à remercier le NEDIC pour sa contribution à cet article et pour son soutien à la santé mentale et au bien-être des jeunes au Canada.