Sarah (elle) partage son expérience en tant que jeune musulmane portant le hijab à Montréal et faisant face aux défis d’être une jeune personne musulmane au Canada.
Note importante : Jeunesse, J’écoute sait que les conversations sur la culture, le racisme et la discrimination peuvent varier selon les provinces et les territoires. Nous croyons qu’il est important de publier des histoires qui reflètent les expériences vécues par des jeunes partout au Canada. Nous avons encouragé l’autrice de cet article à partager son histoire de façon authentique et à utiliser le langage qui lui convient le mieux. Nous tenons également à vous informer que cette histoire aborde des sujets sérieux – en particulier des insultes discriminatoires – qui peuvent être choquantes. Vous pouvez utiliser nos services de santé mentale en ligne si vous avez besoin de soutien à tout moment.
Mon expérience avec la discrimination en tant que jeune musulmane au Canada
La première fois qu’on m’a dit que je n’avais pas ma place ici, c’était à l’âge de 12 ans.
La première fois qu’on m’a dit que je n’avais pas ma place ici, c’était à l’âge de 12 ans. J’avais récemment commencé à porter le hijab, un signe religieux porté en public par certaines femmes musulmanes. Je participais à une simulation de session parlementaire à Québec. J’avais remporté un concours régional de jeunes politiciens pour y participer. J’étais fière de représenter mon école et mon quartier.
À la fin de la journée, j’ai quitté en me disant que l’endroit que je considérais chez moi, ne voulait pas de moi.
Le premier jour, quelqu’un est venu me voir et m’a dit : « Qu’est-ce que tu fais ici ? » J’étais confuse. Je leur ai expliqué que j’avais gagné le concours pour les jeunes politiciens. La personne a froncé les sourcils et m’a dit : « Non, les gens qui te ressemblent n’ont pas leur place ici. » Au début, en tant qu’adolescente intéressée par la politique, j’ai commencé à répliquer. Je leur ai dit que j’étais citoyenne canadienne et que j’avais parfaitement le droit d’être là et de représenter mes pairs. La personne a répliqué à nouveau. Cette fois, elle a menacé d’appeler la sécurité et m’a dit que les personnes portant le hijab n’étaient pas les bienvenues. À la fin de la journée, j’ai quitté en me disant que l’endroit que je considérais chez moi, ne voulait pas de moi.
Lorsque j’étais au secondaire, la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables pour les minorités culturelles au Québec battait son plein. J’avais l’impression que partout où j’allais, les gens parlaient de « l’invasion des immigrants ». C’était un rappel constant que je ne serais peut-être jamais considérée comme « une vraie canadienne ».
Lorsque cela arrivait, je rentrais chez moi en pleurant parce que j’avais l’impression que je ne réussirais jamais dans la vie à cause de ma religion.
Un soir au mois de novembre de cette même année, je marchais vers l’arrêt de bus. Je faisais ce même trajet tous les jours après l’école pour me rendre à mon entraînement à l’aréna. C’est alors qu’une voiture s’est arrêtée à côté de moi. Le conducteur a crié : « Retourne dans ton pays ! » L’année suivante, à ce même arrêt de bus, quelqu’un m’a craché dessus. Ils ont également chuchoté des insultes xénophobes en passant devant moi. Lorsque cela arrivait, je rentrais chez moi en pleurant parce que j’avais l’impression que je ne réussirais jamais dans la vie à cause de ma religion.
Comment j’ai navigué être une jeune musulmane au Canada
Il m’a fallu beaucoup de courage et de détermination pour retrouver ma confiance en moi et ma communauté. Pour moi, c’est en militant pour ma communauté et en parlant de mes expériences de discrimination que j’ai trouvé ma voix et mon identité en tant que jeune musulmane au Canada. J’ai fait du bénévolat lors d’événements locaux dans ma mosquée et dans ma communauté. J’ai soutenu les jeunes musulmanes et j’ai pu les aider à trouver leur voix par le biais de l’écriture et des médias sociaux. J’ai travaillé avec la prochaine génération de jeunes filles musulmanes dans les sports et les loisirs.
Même si je ne porte plus le hijab, le fait de redonner à la communauté qui m’a aidée à traverser des moments difficiles m’a permis de trouver la paix dans mon expérience.
En vieillissant, j’ai commencé à faire du bénévolat au sein du conseil d’administration d’un organisme de bienfaisance qui soutient les femmes musulmanes à Montréal. Même si je ne porte plus le hijab, le fait de redonner à la communauté qui m’a aidée à traverser des moments difficiles m’a permis de trouver la paix dans mon expérience. Cela m’a également aidée à croire que le changement est possible et que nous allons parvenir à créer un Canada où personne se sent en sécurité et inclus.
J’ai également cherché à obtenir un soutien en matière de santé mentale. Le fait de me faire dire à maintes reprises que je n’étais pas à ma place ici et que je ne réussirais jamais si j’avais « l’air d’un étrangère » a eu des répercussions importantes sur ma santé mentale. Avec l’aide de trois enseignantes incroyables de mon école secondaire, j’ai pu obtenir du soutien par l’entremise de la travailleuse sociale de notre école et, éventuellement, d’une psychologue.
Mais je crois, maintenant plus que jamais, que cette génération a le pouvoir de changer les choses pour l’avenir.
Demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais plutôt de force et de courage. Je suis encore en train d’apprendre et de réparer certaines des blessures causées par les mots et les actions que d’autres m’ont imposés. Mais je crois, maintenant plus que jamais, que cette génération a le pouvoir de changer les choses pour l’avenir.
Jeunesse, J’écoute tient à remercier Sarah d’avoir partagé son histoire de jeune musulmane au Canada avec des jeunes à travers le pays.
Cet article est une traduction de l’article original en anglais.