Que se passe-t-il quand j’envoie un texto? Qui répond à mes texto? À propos de quoi puis-je texter? Un membre de l’équipe de Répondants aux crises, Aliesha, répond à d’importantes questions concernant le service par messagerie texte de Jeunesse, J’écoute.
En 2018, Jeunesse, J’écoute s’est associée à Crisis Text Line afin de tester un service par messagerie texte innovateur au Manitoba. Au cours de la dernière année, nous avons étendu ce service à l’ensemble des provinces et territoires pour permettre à tous les jeunes du Canada de bénéficier d’un service de soutien par texto qui est à la fois confidentiel, soutenu par des bénévoles et disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. En août 2019, nous avons reçu plus de 100 000 échanges par texto et nos Répondants aux crises bénévoles ont toujours été là pour y répondre.
L’un de ces Répondants aux crises s’appelle Aliesha. Depuis son arrivée chez nous en février 2018, elle a offert du soutien à des jeunes dans plus de 1 000 conversations par texto (le plus souvent durant la nuit) sur la plateforme qu’utilisent les Répondants aux crises et les superviseurs de Crisis Text Line pour échanger avec les jeunes texteurs. Aliesha a généreusement accepté de nous offrir un aperçu de l’envers du décor de ce que peut être le rôle d’un Répondant aux crises pour notre service par texto!
« Je m’appelle Aliesha. Je suis mariée, j’ai deux beaux-enfants âgés de 14 et 17 ans et j’ai aussi deux petits bébés poilus : un chat et un chien.
J’ai obtenu mon diplôme d’études postsecondaires en suivant un programme de niveau collégial en ligne. J’ai reçu un diplôme de professeure adjointe avec spécialisation en pédopsychologie. À l’heure actuelle, je travaille pour la ville de Toronto au programme ARC (After-School Recreation Care) en tant que responsable dans une école où je m’occupe des enfants âgés de 6 à 12 ans. Je leur fournis un endroit sécuritaire où ils peuvent apprendre, jouer et s’épanouir.
Plusieurs raisons m’ont poussée à devenir Répondant aux crises, mais ma motivation première reposait sur l’envie de redonner à un service qui m’avait aidée. En effet, lorsque j’étais aux prises avec un problème de santé mentale, Jeunesse, J’écoute m’a soutenue de plusieurs façons. C’était donc ça ma motivation : tout simplement donner en retour. Cela fait plus d’un an maintenant et j’apprécie chaque instant de cette expérience. »
« En résumé, mon rôle de Répondant aux crises bénévole consiste à aider des jeunes à passer d’un point chaud à un moment plus calme afin de surmonter une situation de crise. Nous sommes ici pour aider les texteurs à se sentir moins seuls, tout en leur donnant des outils qu’ils pourront utiliser dans le futur. Parfois, ils désirent juste vider leur sac, surtout la nuit. Ils peuvent se sentir seuls et n’avoir personne vers qui se tourner. C’est ici que nous intervenons, en étant présents pour eux à un moment particulier de leur vie. Nous devons nous assurer que leur vie n’est pas en danger et s’ils ont besoin d’un soutien supplémentaire qui dépasse nos compétences, nous pouvons les orienter vers Ressources autour de moi, un outil auquel les texteurs ont accès en ligne.
Pour moi, la partie la plus difficile de mon rôle de Répondant aux crises est de prendre conscience qu’on ne peut pas aider tout le monde. En effet, certains ne sont pas prêts à se faire aider et cela peut être difficile à accepter. Il faut alors se montrer présent pour eux et ne pas les forcer à prendre une décision sur-le-champ. Vous pouvez leur donner l’ensemble des outils et des ressources dont ils ont besoin, mais ça leur appartient de les utiliser. Vous devez juste les accompagner. Il s’agit là du meilleur conseil que je puisse donner aux texteurs et aux Répondants aux crises. »
« Lors du premier contact, le texteur peut écrire tout ce qui lui passe par la tête pour que le processus s’enclenche. Il reçoit ensuite une courte présentation du service par texto. Un message intitulé « Qu’est-ce qui te préoccupe? » lui est alors envoyé peu de temps après. À ce moment-là, il peut expliquer ce qui le tourmente; qu’il s’agisse de pensées suicidaires, d’automutilation, d’intimidation, d’anxiété, etc. Il n’y a aucun sujet tabou.
La magie opère une fois qu’un Répondant aux crises se connecte avec un texteur. Parfois, celui-ci pense qu’il parle à un robot, ce qui peut l’amener mettre un terme à la conversation sur-le-champ. Habituellement, j’explique d’emblée que je suis bien une personne réelle. Parfois, un texteur me demande conseil, mais notre rôle consiste plutôt à le responsabiliser et à l’aider à prendre sa vie en main.
Peu importe les résultats de cet échange texto, j’espère juste avoir fait une petite différence dans la vie du jeune. Certaines conversations sont difficiles, d’autres me touchent de près en raison de mon propre vécu durant l’adolescence. J’estime pouvoir être en mesure de comprendre ce que vivent les texteurs, car je suis passée par là moi aussi. J’ai mis un certain temps avant de me confier sur mon vécu. Je sais qu’il s’agit là d’un premier pas difficile. »
« Pour faire un petit résumé de ce que nous discutons avec les texteurs, nous parlons de toutes grandes ou petites difficultés. La plupart de mes conversations ont lieu avec des texteurs angoissés par quelque chose. Cependant, aucun sujet n’est tabou. Nous pouvons échanger sur n’importe quel sujet, y compris l’école, l’intimidation, le bien-être émotionnel, etc. Si j’ai le sentiment qu’ils bénéficieraient de services d’intervention, je leur communique généralement qu’il y a des intervenant professionnels disponibles par le biais des services de Clavardage en direct et par téléphone de Jeunesse, J’écoute. Je fais même la recherche de d’autres services dans leur communauté, au besoin. »
« Le type de soutien que nous offrons varie en fonction de la situation ou de la crise que traverse le texteur. J’ai aidé des texteurs à mettre en place un plan de sécurité lorsqu’ils avaient des pensées suicidaires ou d’automutilation. J’ai déclenché des alertes de secours d’urgence afin qu’un superviseur de Crisis Text Line présent sur la plateforme appelle les services d’urgence (par exemple, quand un texteur nous contacte et nous informe qu’il est en danger immédiat). Parfois, le meilleur soutien que je peux offrir consiste simplement à les écouter et à me montrer présente pour eux. À la fin de la journée, tous nos texteurs méritent de se sentir entendus et soutenus. Mon but est de leur fournir des outils afin de leur rendre la vie plus facile et de m’assurer également qu’ils sont en sécurité.
Par ailleurs, nous ne portons pas uniquement notre attention sur les texteurs qui font face à une crise. En effet, certains d’entre eux peuvent juste vouloir parler de l’école, de la découverte de soi, du mariage, des relations personnelles ou de la vie familiale. Même si chaque situation ne représente pas une crise, nous soutenons ces jeunes malgré tout. »
« Je pense qu’avoir un service par texto accessible et disponible partout au Canada est important à bien des égards. Avec l’évolution constante de la technologie, il s’agit de la nouvelle norme. Pour certains texteurs, parler à quelqu’un au téléphone ou même en personne peut paraître trop intrusif si je puis dire. Le fait de se sentir libre de parler de tout ce qu’on veut par écrit peut aider de différentes façons. Comme j’écris moi aussi, je peux comprendre aisément que les texteurs apprécient nos services, parce qu’ils peuvent s’exprimer et prendre le temps de répondre sans ressentir de pression supplémentaire. »
« La seule chose que j’aimerais dire aux personnes intéressées par notre service par texto se résumerait ainsi : n’ayez pas peur de nous contacter. Nous sommes là pour vous écouter et vous soutenir dans tous les aspects de votre vie, et non pour vous juger. Nous offrons notre aide à tout le monde, et ce de manière confidentielle, quel que soit le problème, petit ou grand. Ça peut paraître effrayant de faire le premier pas pour demander de l’aide, mais tu es fort et courageux. Tu as de l’importance. Tu mérites d’être soutenu et écouté. Tu peux compter sur Jeunesse, J’écoute 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Tu n’es pas seul. »
« Au même titre que nous encourageons les texteurs à prendre soin d’eux-mêmes, je dois à mon tour, de par mon rôle de Répondant aux crises, faire cette démarche au quotidien. Quand je termine mon quart de nuit, j’aime bien passer du temps avec mon chien. Parfois, je vais le promener dans le quartier. Je joue aussi à des jeux sur mon téléphone ou je regarde une émission de télé. La plupart du temps, je vais juste me coucher parce qu’il est important de dormir. »
Jeunesse, J’écoute voudrait remercier Aliesha, Répondante aux crises, et l’équipe du service par messagerie texte de Jeunesse, J’écoute pour sa participation à cette histoire. Si tu es un jeune qui a besoin d’aide, tu peux nous joindre à tout moment par téléphone (en appelant au 1-800-668-6868), par le service Clavardage en ligne ou par texto (en textant PARLER à 686868).
Cet article est une traduction d’un entretien en anglais.
* Publié en mai 2019