Judy et Cruz Anderson et l’art, la famille et le bien-être spirituel

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Le duo mère-fils Jody et Cruz Anderson ont fait les manchettes d’un océan à l’autre lorsqu’ils ont transformé des motifs d’art de rue en oeuvres traditionnelles autochtones. Imagine des billes colorées, des peaux d’orignal tannées et des lettres de style graffiti représentant leurs expériences en tant qu’artistes cris au Canada. Jeunesse, J’écoute a posé des questions à Judy et Cruz sur leur art et la force de leur relation familiale. Continue de lire pour découvrir comment ils les entremêlent pour conserver leur bien-être mental, émotionnel, physique et spirituel.

Photo de Judy et Cruz Anderson

Photo : Judy et Cruz Anderson

Parlez-nous de vous! Vous venez de quel coin du pays? Qui sont les artistes qui vous inspirent dernièrement?

Je suis particulièrement reconnaissante envers les artistes qui ont accompli le travail difficile pour amener l’art Autochtone sur la scène de l’art contemporain.— Judy Anderson

Cruz : Je m’appelle Cruz Anderson et je suis un artiste de la Première Nation George Gordon qui travaille principalement avec des techniques traditionnelles de dessin et de peinture. Mes inspirations vont des vieilles peintures françaises du 19e siècle aux artistes Autochtones contemporains et aux artistes formés en atelier. Mes inspirations contemporaines sont notamment Audie Murray, Emmanuel Jarus et Fernando Freitas.

Judy : Je suis Judy Anderson, la mère de Cruz. Je suis Nêhiyaw de la Première Nation George Gordon, en Saskatchewan, sur le territoire du Traité 4. Je vis actuellement comme invitée sur le territoire du Traité 7 sur les terres traditionnelles de la Confédération des Pieds-Noirs, la Première Nation Tsuut’ina et Stoney Nakoda. La ville de Calgary abrite la Métis Nation of Alberta, Région 3.

Je suis grandement inspirée par tous les artistes Autochtones, et particulièrement reconnaissante envers les artistes qui ont accompli le travail difficile pour amener l’art Autochtone sur la scène de l’art contemporain. Je dois souligner le travail de ma professeure, mentore et amie Ruth Cuthand, qui a fait les premiers pas du perlage contemporain. Les artistes suivants m’inspirent également : Katherine Boyer, Peter Morin, Hannah Claus, Elwood Jimmy, Carrie Allison, le duo mère-fils Glenna Cardinal et Seth Cardinal Dodginghorse ainsi que plusieurs autres sur Instagram.

Parlez-nous de votre art. Quel type d’art créez-vous? Pourquoi?

J’aime inclure des aspects de mon identité Autochtone dans mes œuvres, notamment des mots Cri que mon père utilise à la maison, des habits traditionnels Autochtones et Métis et des éléments de la spiritualité Autochtone.— Cruz Anderson

Cruz : J’aime inclure des aspects de mon identité Autochtone dans mes œuvres, notamment des mots Cri que mon père utilise à la maison, des habits traditionnels Autochtones et Métis et des éléments de la spiritualité Autochtone.

Judy : J’ai étudié en peinture et je travaille naturellement avec des installations. Cependant, quand j’ai travaillé à la First Nations University of Canada, je voulais enseigner l’art traditionnel. Pour y arriver, j’ai dû apprendre à travailler les perles et les piquants de porc-épic. Je salue mes professeurs, Sheila Orr pour le perlage et Jacob Pratt pour les piquants de porc-épic. La création de la Trading Series de Ruth Cuthand m’a inspirée à travailler avec les perles. C’est ainsi que j’ai créé Exploit Robe (Toying Around), dans laquelle j’honore Cruz en tant que jeune homme et artiste en devenir. Je travaille maintenant principalement avec les perles, mais j’incorpore toujours des installations dans mon travail et je rêve des peintures que je pourrai faire lorsque j’en aurai le temps.

Photo d’une œuvre de perles sur peau d’orignal

Photo : Exploit Robe (Toying Around)

Parlez-nous de votre relation! Comment avez-vous commencé à faire de l’art ensemble? Comment vous sentez-vous lorsque vous créez ensemble?

Il y a un certain temps, j’ai jeûné. Pendant ce jeûne, on m’a fait comprendre, de façon spirituelle, que je devais honorer Cruz.— Judy Anderson

Cruz : J’aime travailler sur des projets avec ma mère, car nous sommes généralement sur la même longueur d’onde par rapport aux enjeux dans le monde et les concepts en art. J’aime le fait que nous puissions provoquer les idées de l’autre d’une façon honnête qui nous permet de croître en tant qu’artistes.

Judy : Il y a un certain temps, j’ai jeûné. Pendant ce jeûne, on m’a fait comprendre, de façon spirituelle, que je devais honorer Cruz. Je dois avouer que j’ai un peu honte d’avoir eu besoin de me faire dire de porter plus attention à mon fils pour comprendre pourquoi on m’a dit de l’honorer. Il avait environ 10 ans à l’époque. La meilleure façon que je connaissais de l’honorer était de faire des œuvres à propos de lui. Quelques années plus tard, j’ai décidé de l’honorer lui et son amour des graffitis en recréant son premier burner (un graffiti élaboré) en perles sur une peau d’orignal tannée traditionnelle. Nous avons ensuite commencé à collaborer; toutes mes œuvres en perle avec des graffitis sont en collaboration avez Cruz. Notre plus grosse collaboration a récemment été exposée au Remai Modern, à Saskatoon. Il est important de savoir que l’idée originale pour cette collaboration vient de Cruz.

Je crois que Cruz et moi avons une relation extraordinaire et très proche. Je suis reconnaissante pour ce message me disant de l’honorer. Cela a permis de nous rapprocher et de faire de nous des meilleurs artistes. Le jeûne a été déterminant dans la façon dont j’ai avancé dans ma pratique de l’art et que crois que ça a permis de favoriser les activités de Cruz.

Photo d’une œuvre de perles sur du tissu et une fourrure d’ours dans une pièce

Photo : Vue d’installation
I have seen him like this au Remai Modern
borderLINE, 2020, Remai Modern, Saskatoon
Photo fournie par : Blaine Campbell

À quel point les relations familiales, ainsi que la célébration de ces relations / histoires / traditions par l’art, sont-elles importantes pour vous?

Je crois que les relations personnelles par rapport à la famille et aux traditions culturelles représentent souvent les liens les plus puissants et les plus intimes qui existent.— Cruz Anderson

Cruz : Je crois que les relations personnelles par rapport à la famille et aux traditions culturelles représentent souvent les liens les plus puissants et les plus intimes qui existent. Certaines de ces relations sont issues de l’amour et d’autres fois elles recèlent des émotions négatives, mais d’une façon ou d’une autre, l’inclusion de ces relations avec l’intimité permet souvent de créer les oeuvres les plus percutantes.

Judy : Les relations familiales sont une priorité. Je suis très consciente des concepts Autochtones de la famille, qui vont au-delà de la famille nucléaire. Une grande partie de ma pratique est faite pour honorer ceux qui sont importants pour moi.

Comment votre relation et les oeuvres que vous faites ensemble affectent-elles votre bien-être mental, émotionnel, physique et spirituel?

L’art que je crée avec Cruz me permet de garder l’équilibre. Lorsque nous faisons de l’art ensemble, j’ai l’impression que le monde est en équilibre.— Judy Anderson

Cruz : Notre art comprend souvent nos traditions Autochtones et notre spiritualité, ce qui permet de garder mes pieds sur terre. Je vis à Toronto depuis quelques années, alors de revenir à la maison pour travailler sur nos projets me donne aussi une bonne raison de visiter.

Judy : L’art que je crée avec Cruz me permet de garder l’équilibre. Lorsque nous faisons de l’art ensemble, j’ai l’impression que le monde est en équilibre. Je veux aussi parler de mon fils cadet, Riel. Nous ne faisons pas d’art ensemble, mais j’ai créé une œuvre en son honneur : This one brings me the most pride. Riel fait partie intégrante de cette œuvre. J’ai eu son approbation pour chacune des parties et il a fait le motif sur le menton. Riel aime le théâtre, la musique et l’histoire.

Photo d’une œuvre avec des perles, une peau d’orignal, un casque de gardien de but et une peau de loutre

Photo : This one brings me the most pride
Photo fournie par : Andrew Barcham

Avez-vous déjà été en désaccord? Comment gérez-vous cela?

La chose la plus importante est de m’excuser lorsque je lui ai causé du tort et de m’assurer que je dis les choses sans l’attaquer.— Judy Anderson

Cruz : Nos désaccords sont généralement issus de mauvaises idées, mais nous trouvons souvent une façon d’améliorer les concepts ou de les incorporer dans une autre oeuvre.

Judy : Tout le monde a des différends. La chose la plus importante est de m’excuser lorsque je lui ai causé du tort et de m’assurer que je dis les choses sans l’attaquer. C’est très important pour moi dans toutes mes relations, car nous avons tous la capacité d’offenser, même lorsque ce n’est pas notre intention. Je lui demande également d’être patient lorsque je ne comprends pas ce qu’il dit; pauvre lui, il doit parfois m’expliquer les choses plusieurs fois.

Quel est l’élément le plus important dans votre relation?

Je ne veux jamais que Cruz ou Riel oublient leur contribution au monde. Il faut aussi se rappeler que nous sommes humains et que nous faisons des erreurs.— Judy Anderson

Cruz : Dans notre famille, nous créons parfois de l’art, mais nous sommes une famille 100 % du temps.

Judy : Je ne veux jamais que Cruz ou Riel oublient leur contribution au monde. Il faut aussi se rappeler que nous sommes humains et que nous faisons des erreurs.

Avez-vous des conseils pour les jeunes qui veulent s’impliquer en art? Comment peuvent-ils impliquer un proche ou un ami avec eux?

Dans ma vie, je me suis trop préoccupée de ce que les autres pensent. Mon meilleur conseil, c’est de ne pas laisser les autres nous empêcher de faire ce que l’on veut.— Judy Anderson

Cruz : Il suffit d’essayer! Il faut essayer de créer quelque chose et voir si on aime ça. L’art, ce n’est pas seulement de dessiner sur une feuille ou peindre sur une toile. Peut-être que tu vas aimer ça et en faire une carrière, ou peut-être que ça va être une activité à faire avec des amis la fin de semaine. Je crois que tout le monde est artistique d’une certaine façon et je pense que la plupart des artistes n’avaient pas prévu d’en faire leur métier.

Judy : Je suis quelqu’un qui aime essayer des choses. Dans ma vie, je me suis trop préoccupée de ce que les autres pensent. Mon meilleur conseil, c’est de ne pas laisser les autres nous empêcher de faire ce que l’on veut. Si quelque chose ne fonctionne pas, il suffit d’essayer autre chose.

Jeunesse, J’écoute veut remercier Judy et Cruz Anderson pour leur participation à cet article en appui de  la santé mentale et du bien-être des jeunes de partout au pays!

Cet article est une traduction de l’article original en anglais.

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