Aider les jeunes à détecter et à répondre à la cyberhaine

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De nos jours, il est facile de demeurer branché sur l’actualité et d’avoir accès à l’information en continu, grâce à Internet et aux médias sociaux. Cependant, cette situation accroît la diffusion de discours haineux. Pour les jeunes qui sont déjà la cible d’attaques provenant de suprémacistes de race blanche, de gens hostiles aux immigrants, de misogynes et d’homophobes, il peut être très difficile de faire face à la cyberhaine. Ces jeunes sont encore plus à risque de ressentir de la peur ou de l’anxiété. De plus, comme de nombreux adolescents sont à la recherche de groupes ou de causes qui leur permettraient de développer un véritable sentiment d’appartenance, ils deviennent des cibles idéales pour les groupes haineux.

En tant qu’adulte, vous pouvez enseigner aux jeunes à repérer les discours haineux, à se protéger psychologiquement contre ceux-ci, à leur faire face et à y réagir de la bonne façon.

L’ABC de la cyberhaine

Voici ce que vous devez savoir à propos des discours haineux en ligne (cyberhaine) :

  • Tout d’abord, sachez qu’au Canada, prôner le génocide, inciter publiquement ou encourager délibérément à la haine envers un groupe identifiable (par son ethnie, sa race, sa religion, son pays d’origine, son âge, son sexe assigné à la naissance, son identité sexuelle, son orientation sexuelle, etc.) est un crime;
  • Les jeunes (particulièrement les garçons âgés de 12 à 17 ans) sont plus susceptibles de commettre des crimes motivés par la haine et sont aussi plus à risque de se faire recruter par ces groupes haineux;
  • De nombreux adolescents sont à la recherche d’une cause qui leur permettrait de développer un véritable sentiment d’appartenance, et les recruteurs des groupes haineux, très habiles, profitent de ces circonstances;
  • Être témoin ou être la cible de messages et de crimes haineux sur Internet, dans les médias sociaux, ou ailleurs, peut générer de l’anxiété et de la peur chez certains jeunes, particulièrement ceux qui font partie de groupes plus vulnérables et qui ont déjà été la cible de telles discriminations.

Les sujets les plus fréquemment abordés dans les discours haineux

Les gens qui diffusent de la cyberhaine partagent très souvent les mêmes convictions. Voici quelques-uns des sujets revenant fréquemment dans ces discours :

  • Les « autres »: ce terme est utilisé par les groupes haineux pour représenter un groupe formé de gens qui sont différents d’eux-mêmes.
    • De nouveaux immigrants, par exemple, peuvent être considérés comme étant différents des immigrants de race blanche installés au Canada depuis plusieurs générations.
  • Le « passé glorieux »: les auteurs estiment que leur passé autrefois glorieux est terni. Cet outrage est donc imputé aux « autres ».
    • Les groupes de la droite alternative peuvent suggérer, par exemple, qu’ils étaient plus riches, avaient de meilleurs emplois et jouissaient d’un train de vie plus aisé avant l’arrivée au Canada d’immigrants de couleur.
  • « Victimisation »: terme utilisé par les groupes haineux pour se positionner en tant que victimes des actes des « autres ».
    • La droite alternative pourrait, par exemple, tenter de convaincre la population que les immigrants leur « volent » leurs emplois, en donnant pour preuve qu’il n’y a presque plus de métiers manuels disponibles (métiers pratiqués par un grand nombre d’hommes blancs de la classe moyenne).

Qu’est-ce que la radicalisation?

  • Lorsque quelqu’un en vient à penser que la violence, envers les autres ou envers lui-même, est la seule façon de « défendre les siens », il se radicalise.
  • Les jeunes à risque d’être radicalisés se sentent souvent désenchantés et déconnectés, mis à l’écart, isolés, impopulaires ou en marge des autres, surtout à l’école. Ils sont habituellement en recherche de leur identité ou d’un sentiment d’appartenance.

Comment puis-je aider les jeunes de mon entourage à faire face à la cyberhaine?

Voici quelques pistes qui vous permettront d’aider les jeunes à détecter et à faire face à la cyberhaine.

Enseignez-leur l’empathie et aidez-les à développer leurs habiletés affectives :

  • Chaque jour, vous pouvez utiliser des situations qui se présentent pour inciter les jeunes à être attentifs et réceptifs aux émotions des autres et à nommer leurs émotions.
  • Prôner la diversité comme étant une norme sociale. Lorsque des jeunes sont la cible de commentaires blessants et choquants, discutez-en rapidement avec eux. Vous avez la possibilité, en tant que parents, fournisseurs de soins ou autre adulte attentionné, d’exercer une influence positive sur les jeunes qui vous entourent. Cette influence se reflètera ensuite sur les comportements que ces derniers auront envers les autres. Donnez l’exemple quand vient le temps de faire preuve de tolérance et d’empathie.

Discutez ouvertement de la haine, de sa réalité et de ses impacts :

  • Lorsqu’il est question de discours haineux, les jeunes retirent plus de bénéfices à écouter les propos d’un adulte de confiance que d’être laissés à eux-mêmes.
  • La discussion sera plus fluide si vous êtes bien préparés. Vous pouvez, par exemple, dresser la liste des préoccupations que les jeunes pourraient exprimer en découvrant du contenu haineux.
  • Restez à l’affût de l’actualité ou des événements dans votre communauté qui pourraient inciter les jeunes à la haine envers les autres.

Soyez conscient de l’impact que la cyberhaine peut avoir sur les jeunes et offrez-leur votre soutien :

  • Être victime de cyberhaine peut être très blessant et même bouleversant.
  • Rassurez-les en démontrant que vous comprenez ce qu’ils vivent et demeurez à l’écoute, car ils sont vulnérables face à cette situation.

Enrichissez leur culture numérique :

  • Aidez les jeunes à développer leur sens critique. Faites-leur prendre conscience que les gens qui publient du contenu sur Internet veulent promouvoir leurs propres valeurs et leurs propres idées.
  • Enseignez aux jeunes à vérifier leurs sources. La majorité des organisations qui diffusent de la cyberhaine ne lésineront pas sur les dépenses pour donner de la crédibilité à leur site ou à leur page Web.

Dénoncez la violence et la haine :

  • Incitez les jeunes de votre entourage à dénoncer les discours haineux lorsqu’ils en sont témoins sur la toile. Pour ce faire, vous pouvez signaler le contenu inapproprié à l’administrateur du site ou à votre fournisseur de services Internet;
  • Il est important d’obtenir du soutien après avoir été témoin ou victime de haine. Une façon de le faire consiste à signaler le comportement en question. Il est possible de signaler les discours haineux, les crimes motivés par la haine ou les menaces de violence de plusieurs façons : anonymement, en communiquant avec Échec au crime, en soumettant une plainte pour atteinte aux droits de la personne (soit dans le cadre d’une politique dans le milieu du travail ou à l’école), en s’informant auprès de la Commission canadienne des droits de la personne ou en appelant la police.

Soyez présent :

  • Les discours haineux peuvent bouleverser ceux qui en sont témoins. Encouragez les jeunes de votre entourage à se confier à vous ou à se tourner vers des ressources telles que Jeunesse, J’écoute, lorsque ce qu’ils voient sur Internet les ébranle ou les rend inconfortables.
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