Ce récit fut rédigé par un membre du Conseil national de la jeunesse de Jeunesse, J’écoute.
Quand j’étais au secondaire, on entendait très peu parler des difficultés liées au fait de vivre avec un problème de santé mentale. Le sujet était loin de faire les manchettes dans les médias et rarement discuté dans mon groupe d’amis, dans ma famille et dans ma communauté. Nous n’avions pas de conférenciers invités ou de cours pendant lesquels nous parlions de l’équilibre vie/études, la solitude, la dépression ou l’aliénation. Je n’y pensais pas vraiment à l’époque. J’étais conscient de l’importance de la santé mentale, mais ça ne me préoccupait pas.
C’est peut-être ce que beaucoup de personnes ressentent avant d’être personnellement touchées par les effets de la santé mentale. Dans mon cas, ma première expérience liée à ce trouble fut lorsqu’une personne que j’aimais bien a connu des épisodes de dépression et d’anxiété. L’histoire de cette personne et celles que j’ai entendues depuis, de jeunes en Alberta et ailleurs au Canada, m’ont fait comprendre que mon problème provient des expériences que j’ai vécues en grandissant.
Je n’avais jamais compris (ou tenté de comprendre) l’importance de prendre soin de sa santé mentale. Et ce, avant de voir quelqu’un que je connaissais personnellement en souffrir. Mes amis et moi n’avions jamais discuté de notre bien-être psychologique/émotionnel. Et puis je n’avais jamais été informé du fait qu’il existe des ressources en santé mentale, à l’école. À mon avis, le manque de conscientisation est l’un des plus gros obstacles que les jeunes doivent surmonter afin d’obtenir l’aide dont ils ont besoin.
Les bonnes ressources en santé mentale
Heureusement, de nombreux jeunes avec qui j’ai parlé au fil des années. Ils ont été capables de trouver de l’aide grâce à une structure de soutien solide et compréhensive. Cependant, plusieurs se retrouvent toujours seuls et incapables d’accéder aux ressources dont ils ont besoin quand ils en ont besoin. Selon mon expérience, ceci est davantage le cas chez les immigrants et au sein des communautés historiquement marginalisées.
Au cours des dernières années, j’ai participé à l’organisation d’un évènement. Durant duquel les jeunes de ces communautés historiquement marginalisées à Calgary se rassemblent pour partager leur expérience avec les problèmes de santé mentale. Mais également pour discuter de la façon dont ils sont parvenus à trouver l’aide dont ils avaient besoin. Le même problème revient toujours : ces jeunes ne savent pas où trouver de l’aide. Ils sont stigmatisés lorsqu’ils en demandent.
Souvent, les jeunes de ces communautés ne se sentent pas à l’aise de parler de santé mentale à leurs professeurs. Ou encore à leurs amis, par peur d’être jugés ou exclus à cause de ce qu’ils vivent. Leur problème est aggravé par le fait que ces jeunes se sentent marginalisés au sein de leur cercle d’amis ou à l’école. Ce sentiment peut parfois provenir du fait que personne ne leur ressemble dans leur entourage. Il peut aussi être causé par le peu de ressources accessibles. Ces dernières qui reflètent leur langue, leurs valeurs culturelles, etc. Ils ont donc moins tendance à demander de l’aide à cause de l’isolement social qu’ils vivent. La stigmatisation constitue un obstacle majeur empêchant de nombreux jeunes à qui je parle d’avoir accès à des ressources en santé mentale.
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De plus, les croyances culturelles concernant la santé mentale peuvent varier grandement et la dynamique de chaque famille est par ailleurs unique. Pour ces raisons, de nombreux jeunes ne sont pas à l’aise de demander de l’aide à leur famille lorsqu’ils en ont le plus besoin. Ces problèmes font en sorte que de nombreux jeunes ne reçoivent pas l’aide qu’ils méritent et dont ils ont besoin.
Ce que j’entends à répétition, c’est que nous devons faire davantage d’efforts pour créer des milieux au sein desquels les gens puissent être à l’aise de demander de l’aide. Nous devons être prêts à écouter nos amis et nos pairs, même si leur histoire peut être gênante ou intimidante. En plus, nous devons être prêts à aider ceux qui nous sont chers à trouver les ressources dont ils ont besoin lorsqu’ils sont particulièrement vulnérables. Nous devons normaliser les problèmes de santé mentale et enlever la stigmatisation qui les entoure en montrant aux jeunes de partout au Canada qu’ils peuvent parler de santé mentale, sans pour autant être exclus ou ridiculisés. Surtout, nous devons les sensibiliser à l’existence de ressources utiles (comme Jeunesse, J’écoute) dès leur jeune âge afin qu’ils puissent aller chercher de l’aide comme bon leur semble et lorsqu’ils sont prêts à le faire, s’ils ne sont pas à l’aise d’en parler à leur entourage.
Ce récit est une traduction de la version originale en anglais.