Cette histoire a été écrite par Katie, membre du Conseil national de la jeunesse (CNJ) de Jeunesse, J’écoute.
L’arrachage compulsif de la peau (aussi appelé trouble d’excoriation ou dermatillomanie) n’est pas un trouble d’anxiété souvent rencontré dans les médias ni abordé dans les cours de sciences de la santé. Même si ce phénomène peut être entouré de malaise et de honte, il ne se résume pas au « contrôle de soi » ni aux « mauvaises habitudes ». Parler de ma lutte contre l’arrachage de la peau a été la première étape dans ma gestion de l’anxiété qui l’accompagne. Si tu as le même problème ou que tu connais quelqu’un qui en souffre, voici mon expérience; j’espère qu’elle t’apportera de l’espoir et du réconfort et t’aide à te débarrasser du trouble d’anxiété !
Première partie : honte et dégoût de soi
Parfois, le mot « gêne » ne rend pas justice à la manière dont une personne se démolit elle-même. Pendant l’été 2018, j’étais aux prises avec une anxiété insurmontable, et ma peau, qui n’a jamais été parfaite, s’est recouverte d’acné kystique. Même si j’étais capable de la faire disparaître en apparence et que j’affirmais ne pas être affectée, ma peau m’était insupportable.
J’avais l’impression que mon acné était ce problème évident dont personne ne voulait parler. Peu importe le nombre de fois où mes amis tentaient de me rassurer en disant que ça n’avait pas d’importance. Je sentais que tout le monde fixait mon acné. Par la suite, je me suis mise à m’arracher continuellement la peau du visage. Plus j’étais anxieuse, plus ma journée avait été pénible. Et plus je cachais mon apparence à mes amis et à ma famille… et, plus j’arrachais.
Je me sentais coupable et honteuse. Je haïssais mon apparence et je savais que l’arrachage ne ferait qu’empirer les choses. En prime, je ne pouvais pas m’empêcher de toucher, d’arracher, ni de gratter ma peau. Ça se produisait inconsciemment, lorsque je rédigeais une dissertation, lisais un manuel scolaire ou parcourais Instagram. C’était constant, gênant et insupportable.
J’évitais les miroirs, et quand je finissais par regarder mon reflet, je m’arrachais ensuite la peau de manière compulsive pendant une heure ou plus (les mauvaises journées). J’arrachais jusqu’à ce que mon visage brûle et souffre. Une énergie anxieuse se propageait jusqu’au bout de mes doigts et je voulais corriger mon apparence de la seule manière possible à mon sens : arracher. J’étais tellement dégoûtée par moi-même; je ne voulais pas parler de ce trouble d’anxiété parce que j’étais persuadée que personne ne comprendrait.
Deuxième partie : trouver des amis
L’automne suivant le trouble d’anxiété étant toujours présent, alors que j’étudiais dans mon café préféré. J’ai entendu quelqu’un tout près parler de son problème d’arrachage de peau. Cette personne s’adressait à une amie, qui réagissait avec sympathie, mais c’était évident que cette amie ne comprenait pas réellement. Relevant la tête du foulard où j’enfouissais mon visage, j’ai interrompu la femme qui parlait; je pouvais sans aucun doute comprendre ce qu’elle vivait.
Deux semaines plus tard, nous avons discuté autour d’un café, et je n’oublierai jamais notre conversation. Tout à coup, ma lutte n’était plus secrète; elle était très, très réelle. Pendant que nous parlions, j’ai réalisé que le simple fait d’avouer mes difficultés à quelqu’un d’autre avait suffi à relâcher un peu le nœud dans ma poitrine.
Après notre rencontre, j’ai commencé à raconter mon problème d’arrachage de peau à mes amis et à mes proches. Bien que certains aient d’abord eu de la difficulté à comprendre, ils ont été nombreux à m’offrir de l’aide en me demandant gentiment comment j’allais quand ils me voyaient diriger ma main vers mon visage, en me distrayant avec des objets à tripoter (comme une toupie à main ou un jouet) et en me parlant lorsque j’étais anxieuse.
Troisième partie : conseils et outils
Maintenant que j’ai commencé à parler de l’arrachage de la peau et atténué une part de la culpabilité et de la honte qui l’accompagnent, j’ai trouvé quelques trucs utiles au quotidien. Voici quelques outils qui me permettent de gérer mon problème d’arrachage de peau :
Célébrer et banaliser l’acné et les imperfections
- Je suis les comptes Instagram qui présentent des mannequins naturels et imparfaits qui ont de l’acné.
- J’imprime des photos d’amis ou d’autres belles personnes qui ont de l’acné et je les colle sur le mur au-dessus de mon lit.
- Parfois, ça m’aide de m’écrire une lettre en adoptant la position de ma meilleure amie. J’imagine ce que je lui dirais si elle avait de la difficulté avec son apparence. En me mettant dans ses souliers, je peux voir à quel point ma peau n’a pas d’importance dans l’ensemble!
Se défaire de ses habitudes
- Quand je suis anxieuse, je mets des gants ou je porte des bracelets bruyants à mes poignets; comme ça, quand je dirige une main vers mon visage, je m’en aperçois plus rapidement.
- Je demande à mes amis de surveiller mes mains lorsque je suis stressée.
- J’occupe mes mains avec des objets.
Pratiquer l’acceptation de soi
- Chaque jour, j’essaie de regarder mon acné dans le miroir pendant quelques minutes sans y toucher ni l’arracher.
- Avant de commencer ma journée, je prends quelques grandes respirations et je m’efforce de me respecter, ce qui permet à ma peau de guérir et (le plus important) de me pardonner quand je me prends à m’arracher la peau.
Je ressens cette compulsion anxieuse à m’arracher la peau depuis longtemps et je sais qu’il n’y a pas de remède miracle. Parfois, même si ça semble ridicule, je dois seulement accepter ma peau à haute voix et me répéter que le processus de guérison prendra un certain temps. L’arrachage de la peau, ce n’est pas juste une question de contrôle de soi. Remarquer et comprendre le stress impliqué dans cette situation m’a permis de commencer à me pardonner pour la manière dont l’anxiété peut envahir mon corps et mes émotions.
Même si ma peau me pose toujours problème et que je l’arrache encore quand mon anxiété et mon stress atteignent des sommets, je sais que j’ai des outils émotionnels qui me permettent de gérer la culpabilité et la honte entourant le problème, et j’élabore tranquillement de meilleurs mécanismes d’adaptation.
Le trouble d’anxiété peuvent être difficiles à gérer, mais il y a toujours des choses que tu peux faire pour te sentir mieux. Si le stress et l’anxiété te causent des problèmes, c’est important d’en parler à une personne de confiance (p. ex., un ami, un parent ou tuteur, un professionnel de la santé, etc.). Tu peux aussi communiquer en tout temps avec Jeunesse, J’écoute pour obtenir de l’aide et des moyens pour alléger tes soucis.
Ce récit est une traduction de la version originale en anglais.