Avertissement : Cette histoire parle de viol et de suicide et pourrait heurter la sensibilité ou susciter des émotions et souvenirs chez certains lecteurs.
Lors du lancement de service de Jeunesse, J’écoute en mai 1989, Jenifer Brousseau a été une des premières personnes à téléphoner. La jeune fille, qui a grandi à Serpent River dans le nord de l’Ontario, a par la suite appelé souvent, soit toute seule ou en présence de ses amis, juste pour parler.
Un jour où elle était désespérée, elle a appelé Jeunesse, J’écoute en sachant que quelqu’un serait là pour l’aider.
À l’âge de 14 ans, Jenifer a été violée par un ami de sa famille. Accablée par un sentiment de honte, victime d’intimidation à l’école à la suite du viol et ne bénéficiant d’aucune aide de la part du service de police locale, elle a décidé de mettre fin à ses jours. Alors qu’elle se trouvait seule dans sa chambre un jour où ses parents étaient sortis faire des courses, elle a avalé une poignée de médicaments. Elle a ensuite pris le téléphone.
« Je savais que si je continuais à prendre des pilules, j’allais mourir. L’intervenante de Jeunesse, J’écoute m’en a alors dissuadée, raconte Jenifer. Elle m’a demandé de penser à une liste de personnes de ma communauté en qui j’avais confiance, et m’a encouragée à téléphoner à l’une de ces personnes immédiatement pour demander de l’aide. »
Jenifer a contacté une famille chez qui elle avait fait du gardiennage d’enfants. Ils sont tout de suite venus l’aider et ont prévenu ses parents.
Le soutien que j’ai reçu de Jeunesse, J’écoute ce jour-là m’a permis de m’en sortir. Si je ne les avais pas contactés, je serais passée à côté de la vie merveilleuse que j’ai aujourd’hui.
Inspirée par la force et la résilience qui se sont bâtise en elle durant cette crise vécue à l’adolescence, Jenifer travaille depuis 25 ans dans la prévention du suicide auprès de communautés Autochtones. Auteure, chanteuse et artiste, elle coanime Wild Archaeology, une série documentaire diffusée par APTN qui nous fait découvrir le patrimoine archéologique des Premières Nations d’Amérique du Nord. Par ailleurs, elle a écrit, produit et mis en scène une pièce de théâtre racontant l’histoire d’une jeune Autochtone qui songe au suicide. La pièce, intitulée Beneath the Surface, a été récemment présentée à travers le Canada. Pour Jenifer, le principal message à faire passer est que « lorsqu’on choisit le suicide, on ne peut pas revenir en arrière ».
Aujourd’hui, Jenifer est une fière ambassadrice de Jeunesse, J’écoute. Elle partage son histoire pour sensibiliser la population à la santé mentale des jeunes et au taux de suicide élevé dans les communautés autochtones. Elle espère ainsi transmettre son espoir et aider à faire grandir la résilience.
« Les jeunes doivent sentir que les gens se soucient d’eux et qu’il y a quelqu’un pour les écouter, affirme-t-elle. Mon parcours de vie est le résultat de ma décision de téléphoner ce jour-là. C’est ce qui me motive autant à donner en retour. »